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Giverny

Inspirante Riviera…

Depuis le 8 juillet et jusqu’au 3 septembre, le Grimaldi Forum Monaco propose, avec le soutien du Musée Marmottan Monet, une exposition intitulée « Monet en pleine lumière ». L’occasion d’explorer, à travers près de 100 tableaux venus du monde entier, les séjours de l’artiste sur la Riviera. Gros plan sur ces sites ensoleillés où le peintre posa son chevalet entre 1883 et 1888…


Bois d’oliviers au jardin Moreno, 1884. Huile sur toile, 65 x 81 cm. Collection particulière

 

Décembre 1883. Claude Monet entreprend, en compagnie de son ami Auguste Renoir, un voyage d’études sur la Riviera. Saviez-vous qu’il effectua sa première escale à Monte Carlo ? Habitué aux couleurs froides du nord de la France, le peintre y découvre une lumière aussi inspirante que spectaculaire. A Roquebrune-Cap-Martin, l’artiste pose son chevalet au pied de la foisonnante garrigue de la pointe de la Veille. S’enivrant de «choses merveilleuses», il y peint ces fantastiques vues de Monaco dominée par la Tête de Chien, un promontoire de cinq cents cinquante mètres d’altitude. Entre Marseille et Gènes, les deux génies picturaux font étape à Hyères, Saint-Raphaël et même à l’Estaque où ils rendent visite au sudiste Paul Cézanne…

Lors de ce premier contact avec les motifs méditerrannéens, Claude Monet tombe sous le charme de Bordighera, un bijou italien situé à une vingtaine de kilomètres de la frontière française. C’est sans Auguste Renoir et en solitaire qu’il y retournera le 17 janvier 1884. Le chef de file du mouvement impressionniste y peint notamment le jardin Moreno, un paradis terrestre qui le subjugue. «Un jardin comme ça, c’est indescriptible, c’est pure magie, toutes les plantes du monde poussent là dans le pays, et sans paraître soignées, note-t-il le 5 février 1884 à sa compagne Alice. C’est un enchevêtrement de palmiers de toutes sortes, de chaque espèces d’oranges et de mandarines !» Lors de ce périple italien, il découvre, grâce à des peintres anglais, la pittoresque Dolceacqua située dans la province d’Imperia. Claude Monet y immortalise notamment le château des Doria et le pont enjambant la rivière Nervia qu’il qualifue de «bijou de légèreté». Il s’éloignera vers Vintimille pour peindre les montagnes françaises avant d’achever son périple à Menton. Rempli d’ardeur, il repoussera sans cesse son départ et ne regagnera Giverny que le 16 avril… 

13 Janvier 1888. Claude Monet, qui a pris l’habitude de déserter Giverny durant l’hiver, met de nouveau cap sur la Méditerranée. Après avoir relayé Cassis en train de nuit, dormi à Toulon et gagné Juan Les Pins en omnibus, le maître impressionniste se fait conduire au Cap d’Antibes. Recommandé par Guy de Maupassant, l’artiste est chaleureusement accueilli au château de la Pinède, une noble demeure devenue «maison de peintres». Après quelques jours de prospection, Claude Monet tombe sous le charme des jardins de Salis, du plateau de la Garoupe qui culmine à 75 m d’altitude et de la pointe Bacon. Tous ces somptueux motifs offrent des vues admirables sur Antibes et sur les Alpes. Très vite, il obtient de l’autorité militaire concernée l’autorisation de peindre à Antibes. «Je peins la ville d’Antibes, une petite ville fortifiée toute dorée par le soleil, se détachant sur de belles montagnes bleues et roses et la chaîne des Alpes éternellement couvertes de neige», écrit-il le 20 janvier. Le 1er février, Claude Monet a d’ores et déjà entamé quatorze toiles. « Je m’escrime et lutte avec le soleil, narre-t-il à son ami Rodin. Et quel soleil ici ! Il faudrait peindre ici avec de l’or et des pierreries. C’est admirable… ». S’appliquant à répliquer des vues de la vieille ville, en se positionnant au même endroit et à plusieurs moments successifs, il s’astreint pour la première fois au principe de la série. Lors de cette campagne picturale qui s’achèvera début mai, Claude Monet pose également son chevalet à Cap Martin, Menton et Juan Les Pins…

Loin d’être anecdotiques, ces séjours méditerranéens influencèrent le parcours de Claude Monet et donnèrent une nouvelle impulsion à son oeuvre. Fort d’une palette désormais imprégnée de couleurs chaudes et lumineuses, le virtuose en pleine maturité n’a plus qu’un objectif en tête : représenter l’instant, peindre la lumière et ses propres impressions…