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Giverny

La neige sous le pinceau de Claude Monet…

Les paysages enneigés de décembre inspirèrent à Claude Monet de nombreuses et emblématiques toiles. Revue de détails…


Le Train dans la neige. La locomotive. 1875. Huile sur toile, 59 × 78 cm. Don Eugène et Victorine Donop de Monchy, 1940. Inv. 4017. Paris, musée Marmottan Monet © musée Marmottan Monet, Paris

 

Epoustouflé par la féérie des paysages de neige, le maître givernois n’a jamais hésité à braver les rigueurs du climat pour saisir les mille et une nuances du manteau blanc. Durant l’hiver 1867 et alors qu’il est âgé de 27 ans, Claude Monet peint «La Charrette. Route sous la neige à Honfleur». N’attribuant à la charrette et à son occupant qu’un rôle très secondaire, il  esquisse un paysage quasi désert et nimbé d’effets de neige. Dans une missive adressée à son ami Frédéric Bazille, l’artiste avoue «trouver la campagne normande peut-être plus agréable encore l’hiver que l’été…» !

L’hiver 1868-1869 inspire à Claude Monet le chef d’oeuvre «La Pie». Dans le silence et l’immobilité glaciale d’un matin d’hiver, il y figure une nature vierge et bucolique assoupie sous une neige épaisse. N’en déplaise à la pie perchée sur une barrière, la neige est le véritable sujet de l’oeuvre ! Soleil et ombre construisent le tableau et traduisent cette insaisissable matière mi solide, mi liquide. Un fantastique travail qui signa la naissance du paysage impressionniste !

Quelques années plus tard et durant l’hiver 1874–1875, c’est Argenteuil, ville des boucles de la Seine, qui lui souffle une suite de seize paysages enneigés. Parmi ceux-ci figure «Le train dans la neige. La locomotive». Entre le panache de vapeur, la silhouette anthracite du train et le blanc des parterres, l’oeuvre est éclatante de nuances ! Dans «Rue sous la neige, Argenteuil», une charrette a laissé des traces dans une neige parsemée de taches de couleur. Les zones d’ombre et de lumière donneraient presque l’impression que la neige crisse sous les pas des promeneurs !

Tempête de neige, températures glaciales, rivières gelées…En Normandie, l’hiver 1879-1880 figure parmi les plus froids du siècle. Alors qu’il traverse l’une des périodes les plus noires de son existence, Claude Monet peint la commune de Vétheuil sous la neige. Pour réaliser «La route de Vétheuil» ou «Vue de Vétheuil, l’hiver», il affrontera un froid sibérien !

En 1890, Claude Monet s’attèle, avec ses Meules qu’il peint au fil des heures et des saisons, au travail en série. Au début du mois de décembre, les premières chutes de neige lui inspirent un enthousiasme créatif ! «Un froid soutenu mais non excessif, avec plusieurs périodes de gel où la neige, relativement peu épaisse, couvre le sol plusieurs jours durant. Décor idéal pour le peintre», rapporte Daniel Wildenstein dans «Monet ou le triomphe de l’impressionnisme». «Meules, effet de neige» était né ! 

Travaillés et audacieux, les paysages d’hiver permirent aux impressionnistes d’expérimenter les effets de lumière et jeux de couleurs. Car, comme le précisa en son temps Léonard de Vinci, «la couleur blanche, ou la non-couleur blanche est celle qui reflète toutes les lumières. Le blanc n’est pas une couleur par lui-même, il est le contenant de toutes les couleurs…»