';
Interviews

Et Claude Monet se mua en jardinier…

Entre ses parterres fleuris du Clos Normand ou son jardin d’eau coiffé de nymphéas, Claude Monet se construisit, au fil de son existence givernoise, une palette à ciel ouvert. Mais à quel moment le peintre se prit-il de passion pour l’horticulture et endossa-t-il l’habit de jardinier ?


Avant de plonger ses mains dans la terre, Claude Monet témoigna, sur ses toiles, de son goût pour les jardins et les représentations florales. Ainsi, en 1866, de «Femmes au jardin» où s’entremêlent, au milieu de silhouettes féminines, feuillages, bouquets de glaïeuls et autres rosiers tiges. Entre 1866 et 1867, il peint le jardin du «Coteau», propriété de sa tante Jeanne Lecadre à Sainte-Adresse près du Havre («Adolphe Monet lisant dans un jardin » -Collection particulière- et «Jardin en fleurs, à Sainte-Adresse» -musée Fabre, Montpellier, France-.) Il y représente notamment un parterre de pélargoniums et rosiers tiges… qu’il reproduira devant sa maison givernoise !

C’est, finalement, lorsqu’il s’installera dans une maison avec jardin que Claude Monet s’essaiera au jardinage. Entre 1874 et 1878, l’artiste emménage, avec les siens, dans une demeure d’Argenteuil agrémentée d’un bout de terre. A cette époque, Edouard Manet représente Monet en blouse bleue et arrosant un massif de fleurs ! Suivirent ensuite les maisons de Vétheuil et Poissy. Plantations de tulipes, de crocus ou de perce-neige, semis et boutures… Le peintre se familiarise avec le cycle immuable de la nature. Inlassablement, il apprend à maîtriser et ordonner la nature qui l’environne…

«C’est un métier que j’ai appris dans ma jeunesse, quand j’étais malheureux. Je dois peut-être aux fleurs d’avoir été peintre», confessera-t-il plus tard… C’est auprès d’un vieux jardinier qu’il aurait appris les rudiments de l’horticulture, le nom des fleurs et des plantes. Happé par l’âge d’or de l’horticulture qui déferle sur la France au XIX siècle, Claude Monet parfait ses connaissances en dévorant des encyclopédies. Il possédait notamment «le Dictionnaire pratique d’horticulture et de jardinage» (G. Nicholson) ou les 26 volumes de «Flore de serres et des jardins de l’Europe» publié par Louis Van Houtte à partir de 1845. Abonné à de nombreux magazines de jardinage, il échangeait conseils et variétés avec d’autres «toqués des plantes» dont Gustave Caillebote ou Octave Mirbeau. 

Claude Monet, un peintre devenu jardinier ou un jardinier devenu peintre ?