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Historique

Le Japon pour horizon

L’exposition Japonismes/Impressionnismes bat son plein au musée des impressionnismes de Giverny. Parmi les 120 oeuvres exposées figurent six estampes de la collection Claude Monet (propriétés de la Fondation Monet/Académie des Beaux-Arts). Retour sur la passion que le génie givernois voua à l’art nippon…


1er avril 1867. L’Exposition universelle parisienne reçoit la première délégation officielle nippone. Dès lors, l’orientalisme et plus particulièrement le japonisme conquièrent penseurs, artistes et autres esthètes occidentaux. Claude Monet témoigna-t-il d’un goût précoce pour cet art subtil ? En 1924, il affirme à l’écrivain Marc Elder avoir acquis, au Havre, sa première estampe japonaise en 1856. L’histoire pourrait-elle le contredire ? Si le premier traité «d’amitié et de commerce» franco-japonais date de 1858, il faut, semble-t-il, attendre les années 1860 pour que les gravures des artistes Hokusai ou Utamaro circulent parmi les collectionneurs…

Dans son récit «La 628-E8» publié en 1907, Octave Mirbeau livre une toute autre version : l’écrivain y narre, dans un chapitre intitulé «La découverte de Claude Monet», une scène datée de 1871 et qui prend pour cadre la ville de Zaandam en Hollande. Claude Monet y aurait déniché ses premières estampes chez un commerçant qui les utilisait pour emballer fromages et autres denrées alimentaires ! «Ma collection était en train depuis longtemps, nuancera plus tard l’intéressé. Mais il est vrai que j’eus la bonne fortune de découvrir un lot d’estampes chez un marchand hollandais !».

Durant toute sa vie, le peintre n’aura de cesse d’enrichir sa collection dont il tapissa des murs entiers de sa maison givernoise. Ces images imprègnèrent tant son imaginaire qu’elles lui révélèrent de nouveaux horizons picturaux. Ainsi, par exemple, mit-il  en avant un seul motif («Etretat, la Manneporte, reflets sur l’eau» vers 1885), ou s’employa-t-il au principe des séries («Les meules»…) comme le fit Hokusai avec ses «Cent vues du Mont Fuji»…

Léguée dans son intégralité, en 1966, à l’Académie des Beaux-Arts par Michel Monet, ladite collection est aujourd’hui conservée en lieu sûr à la Fondation Monet. Six de ces merveilles, dont «Sous la vague au large de Kanagawa» d’Hokusai ou «Jeune femme au miroir» d’Utamaro sont prêtées, jusqu’au 15 juillet, au musée des impressionnismes dans le cadre de l’exposition «Japonismes Impressionnismes». Venez sans tarder y admirer ce petit bout de Japon !