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Historique

Impression soleil levant : La saga d’une toile mythique…

La toile fondatrice du mouvement impressionniste, «Impression soleil levant », célèbre cette année ses 150 ans. L’occasion de feuilleter l’histoire de cette marine iconique, fleuron des collections du musée Marmottan Monet*…


 

Claude Monet, « Impression, soleil levant » (1872). Huile sur toile, 50 x 65 cm, inv. 4014, Paris, musée Marmottan Monet. ©Bridgeman Image

Hiver 1872. Depuis une chambre de l’hôtel de l’Amirauté situé aux 41-45 Grand-Quai, Claude Monet esquisse, au petit matin,  l’avant-port du Havre dans la brume… La date d’éxécution du tableau, sur lequel se détache un soleil d’un orange pur et distillant ses reflets sur l’eau, fit longtemps débat. Saviez-vous que des études topographiques, iconographiques, météorologiques et astrologiques menées par  l’astronome et professeur de physique de l’Université du Texas, Donald Olson, permirent de dater (très) précisément le tableau ? C’est le 13 novembre 1872, à 7h35 du matin, soit trente minutes après l’aube, que l’artiste aurait réalisé d’une seule traite son chef d’oeuvre…

Exposé deux ans plus tard, le 15 avril 1874, dans l’ancien atelier du photographe Nadar, le tableau fait scandale. Le plus virulent des critiques, Louis Leroy, se gausse de cette marine aux allures d’esquisse et qui bafoue les règles de la peinture académique. Dans son article daté du 25 avril, le journaliste s’en donne à coeur joie : «Impression, j’en étais sûr. Je me disais, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans. […]». Louis Leroy fustige, plus largement, ce qu’il baptise ironiquement «l’exposition des impressionnistes»,  n’imaginant pas qu’un demi-siècle plus tard, le mouvement, à qui il conféra malgré lui ses lettres de noblesse, susciterait un engouement international !

En mai 1874, l’audacieuse «Impression, soleil levant» est achetée pour 800 francs par le collectionneur Ernest Hoschedé. L’œuvre est revendue quatre ans plus tard, chez Drouot et lors des ventes judiciaires de la collection Hoschedé, pour la modique somme de 210 francs. Un prix qui souligne l’indifférence qu’elle suscite à l’époque !Bienfaiteur des impressionnistes, son nouveau propriétaire, Georges de Bellio, le lèguera à sa fille Victorine et à son gendre Eugène Donop de Monchy. Ceux-ci choisiront d’en faire don, en 1940, au musée Marmottan, propriété de l’Académie des beaux-arts. Jugée trop novatrice, l’oeuvre reste boudée. Protégée au château de Chambord durant la guerre, «Impression, soleil levant» patiente dans l’ombre. Il faudra attendre les années 1950 pour que des historiens d’art renommés, et notamment l’Américain John Rewald, pointent du doigt le rôle fondateur du tableau. L’apothéose vient en 1959. A l’occasion d’un prêt au musée de Mulhouse, la toile est assurée à hauteur de… 50 millions de francs !

En 1985, et alors que Claude Monet figure parmi les peintres les plus convoités, trois voleurs braquent le Musée Marmottan et dérobent le chef-d’œuvre. «Impression, soleil levant» disparaît pendant cinq ans, avant d’être miraculeusement retrouvé, en 1990, dans un appartement de Porto-Vecchio, en Corse-du-Sud, après une traque rocambolesque lancée au Japon dans le milieu des yakuzas.

Ce cambriolage fou contribua-t-il à asseoir le mythe ? Le monde entier réclame ce  tableau charnière de la modernité, aujourd’hui vénéré de New York à Tokyo. «Impression, soleil levant»  … Joconde de l’impressionnisme ?

*Pour célébrer les 150 ans de cette toile fondatrice du mouvement impressionniste, le musée Marmottan Monet présente, dès le 21 septembre, l’exposition «Face au Soleil, un astre dans les arts». L’occasion de retracer la représentation du soleil dans l’art et de l’Antiquité à nos jours…

https://www.marmottan.fr/expositions/face-au-soleil/